La malice du temps

La malice du temps


Réponse à Léonard
A propos d'un cours autour de l'Etat-Nation (sept. 2012)

Nous naissons tous avec les mêmes droits fondamentaux, droit à la vie, à la liberté, à la justice. A la base, nous sommes tous égaux. Cette proposition philosophique est révolutionnaire par rapport à l’Ancien Régime, par rapport à l’absolutisme, mais pas par rapport à aujourd’hui.

Aujourd’hui, on est davantage libre et égaux qu’en 1688. Pourtant on a le sentiment que la liberté et l’égalité ne sont pas encore assez réalisées dans le monde.
En effet, aujourd’hui, on ne pense plus en État, on pense en monde. A l’échelle mondiale, l’injustice, l’absence de liberté et d’égalité frappent notre conscience.
Dans le monde d’aujourd’hui, il y a trop de pauvres. Voir « Chiffres de la pauvreté ».

Dans le monde d’aujourd’hui, il y a trop de populations vulnérables impunément sacrifiées aux intérêts des nations puissantes.
L’inégalité, la dépendance et l’injustice règnent en maîtresse dans le monde malgré le discours démocratique, libéral et social.

En 1688, il faut un roi, mais un roi qui nous laisse de la place, un roi qui ne nous (les gens riches du royaumes) exploite pas. Il faut un gouvernement, il faut de l’État, mais pas un État « absolutiste».  Il faut un État qui s’occupe du bien être de la nation. La nation, pour les révolutionnaires de 1688 ce n’est pas le roi, pas la noblesse et pas les gens non plus. C’est l’élite des gens, les propriétaires et les gens engagées de 1688. L’État souhaité doit servir les intérêts de ceux qui font la révolution.

On les appelle les libéraux car ils ont cette philosophie de la liberté et de l’égalité contre la société d’ordres. L’homme naît avec des droits fondamentaux, tous ont ces mêmes droits (tous, c’est à dire aussi bien les nobles et les non nobles).
Les libéraux réclament le doit à la liberté d’agir, d’entreprendre, de dire, d’écrire.
Ils ont une théorie selon laquelle la liberté de tous produit magiquement (la main invisible) le meilleur résultat global possible.
En fait, ils n’en savent rien, mais cette théorie de la liberté offre la voie libre à ceux qui veulent s’enrichir individuellement.

Le libéralisme c’est la voie libre pour ceux qui veulent s’enrichir individuellement.

Or, la liberté, l’égalité, cela devrait concerner tous les hommes et les femmes de la nation et même du monde.
Le libéralisme ne s’occupe que des individus et déclare que ce système produit le bonheur pour tous (sans entrer dans les détails).

Comment se fait-il que le libéralisme, en effet, a produit le bonheur pour tous, per exemple pour vous et moi, en Suisse, en 2012 ?
Parce que la croissance occidentale (le bonheur) se nourrit depuis 1492 du sang des exploités et des ressources pillées.
La « main invisible » ne produit pas de bonheur collectif, ne produit pas de l’intelligence pour l’ensemble de la société mondiale, n’invente rien dans ce sens. La « main invisible » ne fait que s’approprier le sang des exploités et les ressources pillées. C’est le triomphe de ceux qui parviennent à s’enrichir individuellement.

Voir: Six points sur les origines de la Révolution industrielle.

Individuellement en tant qu’individu.
Individuellement en tant que pays en concurrence avec d’autres pays similaires.
Individuellement en tant qu’Européens contemporains contre les autres peuples du monde.
Individuellement en tant qu’Occidentaux industrialisés riches contre le reste du monde.
Individuellement en tant que riches contre tous les pauvres de la planète.

Voilà le bilan du libéralisme.
Et pourtant, par rapport à ce qui précède 1688, c’est révolutionnaire. Il a fallu un grand courage pour faire advenir ce libéralisme, face à un millénaire d’autorité sacrée de la monarchie.


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